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PJ (Admin), le 19/04/2005 à 22:35
Extrait - Maurice Maeterlinck - Écrivain belge mort en 1949.
Sur la mort d'un petit chien....
J'ai perdu ces jours-ci un petit bouledogue. Il venait d'accomplir le sixième mois de sa brève existence. Il n'a pas eu d'histoire. Ses yeux intelligents se sont ouverts pour regarder le monde et pour aimer les hommes, puis se sont refermés sur les secrets injustes de la mort.
L'ami qui me l'avait offert lui avait donné, peut-être par antiphrase, le nom assez imprévu de Pelléas. Pourquoi l'aurais-je débaptisé ? Un pauvre chien aimant, dévoué et loyal déshonore-t-il un nom d'homme ou de héros imaginaire ?
Pelléas avait un grand front bombé et puissant, pareil à celui de Socrate ou de Verlaine et sous un petit nez noir et ramassé comme une affirmation mécontente, de larges babines pendantes et symétriques faisaient de sa tête une sorte de menace massive, obstinée, pensive et triangulaire. Il était beau comme un beau monstre naturel qui s'est strictement conformé aux lois de son espèce. Et quel sourire d'obligeance attentive, d'innocence incorruptible, de soumission affectueuse, de reconnaissance sans bornes et d'abandon total illuminait, à la moindre caresse, cet adorable masque de laideur ! D'où émanait-il, au juste, ce sourire ? Des yeux ingénus et attendris ? des oreilles dressées vers les paroles de l'homme ? du front qui se déridait pour comprendre et aimer, des quatre dents minuscules, blanches et débordantes, qui sur les lèvres noires rayonnaient d'allégresse, ou du tronçon de queue qui, brusquement coudé, selon la coutume de la race, s'évertuait à l'autre extrémité pour attester la joie intime et passionnée qui remplissait un petit être heureux de rencontrer une fois de plus la main et le regard du dieu auquel il se livrait ?
Pelléas était né à Paris, et je l'avais emmené à la campagne. De bonnes grosses pattes, informes et pas encore figées, portaient mollement par les sentiers inexplorés de sa nouvelle existence sa tête énorme et grave, camuse et comme alourdie de pensées.
Ce texte magnifique est consultable en totalité à cette adresse :
http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Chien--Sur_la_mort_dun_petit_chien_par_Maurice_Maeterlinck
Isa, le 19/04/2005 à 22:52
Merci de m'avoir fait découvrir ce très beau texte.
Maréva, le 19/04/2005 à 23:00
merci pj c'est vraiment tres beau...
Romain (Admin), le 20/04/2005 à 10:17
Beau texte!
Je conseil de le lire entièrement sur le site que PJ a donné en lien
Isa, le 20/04/2005 à 15:44
J'ai lu le texte dans sa totalité et j'ai beaucoup aprécié
Romain (Admin), le 20/04/2005 à 16:03
Par contre il y a un passage qui m'a paru bizarre, mais bon p't'être que c'était un bouledogue à queue longue
je voyais mon petit Pelléas, assis au pied de ma table de travail, la queue soigneusement repliée sous les pattes
PJ (Admin), le 20/04/2005 à 17:17
Je pense que c'est une image... Tu sais comme nos Boulis se pose avec les pattes de derrière.... en avant
Romain (Admin), le 20/04/2005 à 19:33
Vi je vois bien
PJ (Admin), le 20/04/2005 à 19:39
Et puis lorsque l'on écrit un texte, parfois on s'arrange un peu avec l'histoire pour la beauté du texte et son rythme
Ti'Biker et Nala, le 20/04/2005 à 21:17
Quel beau texte ! La description du bouli y est tellement vraie !
Chapeau l'artiste !
silvia, le 20/04/2005 à 23:12
tres beau
Ventouse, le 21/04/2005 à 15:13
J'ai beaucoup aimé.
Merci PJ
Voltaire dit Vilain, le 22/04/2005 à 12:52
bon, bon d'accord je vais le lire... J'avoue ne pas avoir osé...(je suis un petit être sensible)
Voltaire dit Vilain, le 22/04/2005 à 12:54
très beau en effet, j'avais peur que ce soit un texte extrèmement triste sur la mort du compagnon...Mais en fait non, pas de mélo, que du beau!
PJ (Admin), le 22/04/2005 à 14:15
Oui, je trouve aussi qu'il y a beaucoup de sérénité dans ce texte et les "impressions" Boulesques, (dsl) sont très retranscrites.....